19/06/2015
Dis-moi ta bibliothèque, je te dirai qui tu es (II)
La construction du livre de Cécile Ladjali "Ma bibliothèque" est remarquable car elle ne se voit pas, elle n'est pas ouvertement "cartésienne" ni didactique.
C'est une promenade entre ses rayonnages, à travers la littérature qu'elle aime, avec des souvenirs, avec l'évocation de passions littéraires, avec des analyses et des anecdotes sur les auteurs de son Panthéon personnel.
Avec aussi sa façon à elle d'acheter, de lire et de classer ses livres. Ainsi :
"L'escalier me sert de bibliothèque provisoire. À l'endroit où les marches présentent la surface la plus large, je dépose les derniers livres achetés après m'être adonnée à un petit rituel. Toujours le même. Sur la page d garde, j'écris mon nom, la date et le titre du texte que je suis en train d'écrire… Et puis il est amusant, en rouvrant un roman des années après, de se souvenir dans quel état nerveux nous étions alors, quelle était notre rapport au sens, au temps, au dire, puisque l'œuvre avait été choisie une perlière fois pour aider à la rédaction du texte en cours. Il n'est pas rare que je lise cinq volumes tout frais débarqués de la librairie en même temps, ce qui me conduit à leur trouver des correspondances légitimes, alors qu'aucun lien naturel ne m'y autorise en principe. Mais l'escalier-bibliothèque est le tronc d'un arbre généalogique. C'est lui qui diffuse la sève vers les branches-fouillis au bout desquelles fleurissent les familles d'écrivains que j'invente en lisant. Une fois la lecture de chaque œuvre achevée, je la range dans la bibliothèque et en replace de nouvelles sur les marches de l'escalier". Suit un page de titres et d'auteurs...
"La bibliothèque ajaccienne est petite. Pour y accueillir une centaine d'ouvrages, j'ai reconverti un buffet Art décor. Devant le rectangle du miroir qui surmonte le meuble en bois très sombre, sont posés les livres, si bien qu'on ne voit plus son tain… En Corse, je lis et j'écris beaucoup. Je lis pendant les siestes. J'écris tôt le matin, entre 6 heures et 9 heures. Lorsque le soleil monte, je sais que je ne suis pas la seule à inventer un nouveau roman…".
Dans son livre, on découvre aussi que de nombreux écrivains se sont intéressés à leur bibliothèque ou aux bibliothèques en général.
Par exemple "Cette ordonnance des formes m'évoque la belle couverture du livre de Jacques Bonnet, Une bibliothèque pleine de fantômes (Éditions Denoël), où ce sont les livres ordonnés sur une cheminée de marbre blanc qui apparaissent de façon magique dans le miroir fixé au trumeau".
Mais aussi Hermann Hesse "Une bibliothèque idéale", George Steiner "Les livres que je n'ai pas écrits", Henry Miller "Les livres de ma vie", Brian Stock "Bibliothèques intérieures", et sans parler de Umberto Eco, dont le livre célèbre "Le nom de la rose" est une sorte de métaphore de La Bibliothèque...
08:25 Publié dans Histoire et langue française, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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