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07/01/2015

L'harmonie du style selon G. Grente (I)

« L’harmonie du style est le sens du rythme ».

Pour un musicien, cette phrase n’a pas de sens, justement… Mais l’explication qui suit est claire : « Elle consiste à équilibrer les phrases et allier les mots, de manière à ne choquer l’oreille par aucune dissonance et à la charmer par une cadence musicale ». Bien que la cadence ait un sens bien particulier en musique, on comprend que l’harmonie du style implique à la fois les sons et le rythme.

« Les phrases, même les plus simples, sont soumises aux lois de l’harmonie ». G. Grente définit la « période » comme « une phrase dont le sens général, maintenu et prolongé à travers les différentes propositions qui la constituent, s’achève seulement au dernier mot… Une phrase courte peut être « périodique » et une longue phrase ne l’être point ». Là, ce sont les électriciens qui tiquent (quid du 50 Hz ?)…

D’où les règles à respecter pour qu’une phrase soit harmonieuse :

§  Répartir les membres de la période de telle sorte que la voix, en les parcourant, rencontre sans effort les repos nécessaires ; ne pas multiplier les incises, ne pas les attacher « en grappe » ;

§  Respecter l’équilibre et la symétrie ; qu’il n’y ait dans la phrase ni excroissances ni lézardes.

 

Ce qui donne à la période son prix, c’est l’aisance de l’allure et l’harmonie de la chute.

§  Surveiller les pronoms relatifs, qui trébuchent souvent et se heurtent avec un bruit de rocaille ;

§  Les parenthèses brisent fréquemment aussi l’harmonieuse unité de la phrase ;

§  L’harmonie n’a pas d’ennemi plus redoutable que les propositions ou les mots superflus ;

 

L’harmonie veut aussi une agréable alliance de mots… :

§  Distribuer avec art les syllabes sourdes et les syllabes sonores ;

§  Combiner les mots longs et les mots brefs ;

§  Éviter les rencontres de mots choquantes et d’abord les hiatus ;


Gardez qu’une voyelle à courir trop hâtée,
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée.
Boileau, Art poétique, I, 107-108

 

§  Les assonances  (ressemblance de sons à la fin des mots) doivent être bannies ;

§  La succession de mots où se trouvent les mêmes consonnes – surtout r et t – est contraire à l’harmonie (ex. : un gros rat rôdait) ;

§  La succession des mêmes voyelles est également funeste (ex. : ainsi entra la lame du couteau) ;

§  Les adverbes sont de lourds moellons (ex. : le monument est pourtant actuellement fâcheusement restauré) ;

§  L’emploi des locutions conjonctives sera aussi contrôlé (ex. : que…que…) ;

§  S’il est nécessaire de recourir aux imparfaits du subjonctif, on comprendra que leur répétition détruit l’harmonie (NDLR : nous sommes en 1938, les jeunes filles de l’école privée connaissent l’imparfait du subjonctif… Aujourd’hui, l’existence même du mode subjonctif est ignorée ; c’est donc la seule règle concernant le style dont je suis certain qu’elle sera appliquée ; elle l’est déjà) ;

§  Une série d’infinitifs est pareillement défectueuse (ex. : n’allez pas croire pouvoir le faire réussir) ;

§  Les participes présents veulent être légèrement maniés ».

 

 

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