20/12/2014
Écrivains contemporains et langue française : Élise Fischer (XI)
J’avais préparé mon voyage à Nancy en lisant un petit livre d’Élise Fischer (il y a bien « sch » dans son patronyme et non pas « sh », on est dans l’Est !) intitulé « Le roman de la place Stanislas » (2007), que j’avais trouvé fort opportunément dans une brocante.
Je l’ai relu en revenant ; c’était encore mieux.
La place Stanislas, magnifique avec ses grilles dorées, est la grande fierté des Nancéens ; elle est maintenant entièrement piétonne, devant l’hôtel de ville et le musée des Beaux-Arts. C’est vers elle que convergent les défilés de la Saint Nicolas et c’est là que s’admirent les feux d’artifice. Seul débat des passionnés : doit-elle être versée au crédit de Stanislas, dernier duc de Lorraine mais non héritier d’une dynastie lorraine ou bien de Léopold, son prédécesseur, le duc légitime ?
Élise Fischer, née d’un père lorrain et d’une mère alsacienne, fait partie des passionnés et de ceux qui en pincent pour Léopold ; influencée par sa mère, elle n’est pas loin de considérer que la présence de Stanislas sur le trône ducal est une imposture. Un roi de pacotille.
Son livre est une commande d’éditeur ; elle y brode l’histoire de Lorraine avec son histoire personnelle ; avec l’histoire de France aussi, parce que, depuis le XIIIe siècle, la France est un modèle et une grande pourvoyeuse de ducs (René d’Anjou…) et d’épouses (Élisabeth-Charlotte, l’épouse de Léopold est la nièce de Louis XIV, fille de la Palatine et de Monsieur ; a contrario, Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI, est la fille de François Ier d’Autriche-Hongrie et ancien duc de Lorraine).
C’est bien troussé et souvent touchant ; Élise Fischer réussit à mettre en scène « sa » Lorraine, ses personnages illustres et les lieux de Nancy qu’elle aime : le musée lorrain, le parc de la Pépinière, la cathédrale, l’église Saint Epvre.
Elle a écrit de nombreux autres livres, dont la Lorraine est le cœur ou le prétexte ; « Les alliances de cristal » autour de Prouvé, Majorelle, Vallin, Corbin, Guingot, Gruber, Friant, Daum, Gallé, les maîtres de l’Art nouveau ; « Mystérieuse Manon » autour de Léopold… sont habilement évoqués dans le Roman de la place Stanislas.
Un écrivain régional ou régionaliste, discret mais de qualité.
« J’ai besoin de croire que l’esprit des lieux n’était pas prisonnier des vieilles pierres. Qu’il s’était posé, déposé et flottait ici et là. Avec sagesse, il aura attendu la fin des travaux pour revenir. Il n’est pas possible que tant d’histoire se perde. Stanislas, cette fois, veille… Et Léopold aussi. Mais pas seulement. À nous aussi, il appartient d’œuvrer. D’ouvrir le tiroir des curiosités, trop souvent ensommeillées dans nos petites têtes. À nous de veiller et de réveiller les endormis de l’histoire. Callot me l’a soufflé. Quand passe le vent dans les feuilles, tout peut arriver… ».
16:17 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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