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30/10/2014

Her Majesty's a pretty nice girl (I)

Un des arguments mis en avant par les personnes indifférentes à la lutte contre le franglais, est que l’anglais lui-même serait parsemé de mots français… tout cela parce qu’ils ont vu à San Francisco ou à New York des « croissanteries » [À ce jeu-là, on peut aussi dire que l’allemand est envahi de termes français parce qu’à Berlin, aussi, il y a de nombreuses enseignes en français, et sans compter les « Café » et « Restaurant », avec l’accent s’il vous plaît…]. Ce n’est pas sérieux !

Réglons tout de suite le cas des quelques emprunts d’une langue à l’autre : il y a des causes historiques.

 

Après la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV, des milliers de protestants ont émigré en Prusse et singulièrement à Berlin, qui en a gardé de nombreux restes francophones. Il y a une französische Strasse à Berlin…

 

La Cour d’Angleterre, après Guillaume le Conquérant, parlait le français d’alors et la perfide Albion, pendant trois cents ans, a bien failli basculer dans la francophonie. Raté… Il en reste quelques vestiges : « an apron » vient directement de « un napperon », et aussi bien sûr un vocabulaire non anglicisé mais dont le sens est parfois transformé.

Louis Arquié, dans son excellent livre « Hi ! how are you doing ? » (Bayard, 1992) écrit : « En simplifiant, l’anglais peut être vu comme l’assemblage de deux langues différentes : une langue écrite qui emprunte au français un nombre incroyable de mots, une langue parlée qui n’a rien à voir avec la précédente… L’autre anglais, l’anglais écrit, est une langue bâtarde, une sorte de dialecte du français ».

Je vous parlerai dans un autre billet de mon ami Louis Arquié, exilé non fiscal de longue date, un de ces Californiens français maintenant à la mode, un fortiche des échecs et du triathlon, un gars qui a préparé les concours des Grandes Écoles sur mes notes de Saint Louis et qui m’a rendu la pareille dans l’école des Nobel, qui écrivait mal et se fichait de l’orthographe mais qui, pendant des mois s’est levé à quatre heures du matin pour pondre trois cents pages sur l’américain parlé, avec une première partie bourrée d’érudition et intitulée « Les bases de la communication », bouquin dont il a parlé, lors d’un apéritif, à Jean-Louis Gassée, ancien président d’Apple Products, lequel Jean-Louis l’a gratifié d’une préface de rêve (pour un écrivain en herbe).

 

Pour aller plus loin sur le cas de l’anglais, je vais utiliser l’article « Word watching : le mot juste », qui m’a été donné le 16 mars 1995 par un collègue des Études et Recherches, BD, mais dont je ne connais ni l’auteur ni l’organe de publication, probablement un Anglais et un journal anglais. Il a été motivé par les efforts de Jacques Toubon pour enrayer la progression du franglais et, après un avant-propos mi-ironique mi affectueux (ah ! ces Frenchies) rapportant qu’un Parlementaire anglais avait proposé une loi bannissant les mots français de l’anglais, il a répertorié un large échantillon ceux-ci, concluant que l’anglais périrait d’une telle ablation.

Je vais vous traduire les meilleurs passages de cet article mais, dans un autre billet, car je vois que l’heure avance… les rotatives tournent déjà et les habitués du billet de 8 heures doivent ronger leur frein.

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