Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/08/2016

Nice, very sad

C’était il y a déjà plus d’un mois… Mon billet d’hommage aux victimes était intitulé « Sans voix ».

Mais reprenons espoir avec une voix et avec des mots, ceux du poète de Toulouse :

 

Nice, very nice, disent les vagues aux galets

En glissant le long d'la prom'nade des Anglais

Nice, very nice, Nice

 

Et moi sur la plage de ta peau réglisse

Face à la mer fleurie de lis

Je t'ai dit tout bas comme pour faire un bis

Nice, very nice, very Nice

promenade-des-anglais.jpg

 

 

Et Nice dans la nuit a glissé son collier

De perles sur le cou d'la Méditerranée

Nice, very nice, Nice

 

Et moi j'ai osé un baiser qui glisse

De ton épaule à ta joue lisse

Un premier baiser, puis deux et puis dix

Des roses et des bleus, tout un feu d'artifice

Nice, very nice, very Nice

 

Paroles de Claude Nougaro, musique de Bernard Arcadio

18/08/2016

Arnaud et François parlent bien

François Bayrou.jpgFrançois Bayrou cherche souvent ses mots ; certains y voient une difficulté d’élocution ou pire une vacuité de la pensée ; mon diagnostic est différent : il veut par-dessus tout bien parler, parler une langue correcte, châtiée, bien balancée. Je l’ai entendu récemment sur France Inter interrompre une phrase mal embouchée et en reprendre la construction pour qu’elle soit exprimée en bon français.

Mais mon coup de cœur du jour va à Arnaud Montebourg. Interrogé longuement par Marianne dans le numéro du 8 juillet 2016, il dit, à propos de la restauration démocratique qu’il appelle de ses vœux : « Il est donc nécessaire de construire un autre équilibre des pouvoirs. Qu’ont inventé les Grecs au Vème siècle avant Jésus-Christ ? La reddition des comptes. Où est-ce que ça existe en Europe ? Partout ! Y a-t-il une exception ? Oui, la France ! Il faut rendre des comptes et installer des systèmes de contrôle démocratiques sérieux ».

Arnaud Montebourg.jpgOui, vous avez bien lu ! Arnaud Montebourg utilise le terme « reddition de comptes » comme substantif de « rendre des comptes » ! Nous sommes donc deux, Arnaud et moi, à parler comme cela ; quel bonheur de ne pas être seul et d’être en si prestigieuse compagnie !

Le plus étonnant est que la plupart des francophones s’en étonnent. On parle bien de la reddition d’une armée qui se rend ; rendre des comptes, c’est pareillement, faire de la reddition de comptes.

 

Morale de ce billet : il n’y a plus que les agrégés de lettres et les (vrais) avocats qui parlent français.

15/08/2016

Irritations linguistiques XXXI : revue de presse

Dans le courrier des lecteurs (c’est bien un courrier, relisez mon billet du 11 août 2016…) du Marianne du 8 juillet 2016, BC (de Privas) apporte son soutien au journaliste Jack Dion sur le ras-le-bol de l’anglais (tiens, à propos, pourquoi ne se prénomme-t-il pas Jacques, comme tout le monde ?). Voici ce qu’il écrit : « C’est loin d’être la langue la plus riche ou la plus agréable d’Europe, voire du monde, mais elle a réussi à s’imposer partout… Même à l’Eurovision où, pour gagner, il faut chanter en anglais (…). Honte à ces membres français (NDLR : des institutions européennes ?) qui n’utilisent pas la langue de leur pays ; nous allons le leur faire payer ; pour s’adresser à eux, nous utiliserons nos langues régionales : occitan, catalan, breton… ». Le constat est juste et la colère légitime mais je ne souscris pas au remède car un Premier Ministre de la République a craint récemment de devoir répliquer à une apostrophe en corse. Donc, ne mélangeons pas tout.

Dans une tribune du Huffington Post consacré aux réformes (NDLR : n’y a-t-il pas suffisamment de journaux français en difficulté qu’il faille encore collaborer à des titres américains ?), Patrick Artus, membre du Cercle des Économistes, pose cette question : « Faut-il privilégier l’approche bottom-up ou l’approche top-down ? » (cité dans le Marianne du 8 juillet 2016). Ma réponse : tant qu’à écrire dans un journal américain, pourquoi ne pas le faire entièrement en anglais ?

De son côté et a contrario, pour la première fois depuis son « élection » au poste de président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker a pris la parole, non pas en anglais, mais en français et en allemand, les deux autres langues de travail de l’Union européenne, d’ordinaire laissées au vestiaire (NDLR : rappelons qu’au Luxembourg le cursus scolaire est organisé en trois phases successives, chacune dans une langue différente, luxembourgeois, français et allemand, et que les habitants sont polyglottes). « C’était pour faire passer un message » a précisé l’un de ses collaborateurs. « Ouf » conclut le journaliste de Marianne (8 juillet 2016), en riant jaune,  « on a eu peur que la victoire du Brexit ne permette de (re)découvrir le pluralisme linguistique d’une eurocratie soumise à l’emprise de l’anglais ». C’est de l’humour, bien sûr. On peut aussi de se demander quel genre de message voulait faire passer J.-C. Juncker…

Le jargon politique ne part jamais en vacances. L’excellent Bernard Cazeneuve a ainsi mis en garde contre « une théorisation de la consubstantialité de la violence dans la police ».