27/09/2025
Dystopies modernes : "Panorama" et "Et toujours les Forêts" ; critique I
On sait qu’une dystopie est un récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre (Dictionnaire Le Robert). Le célébrissime « 1984 », de George Orwell, en est l’exemple (et le modèle ?) incontournable.
Je n’aime pas les dystopies (et encore moins la science-fiction) ; je n’aime que les regards vers le passé, à la rigueur sur le présent (c’est sans doute lié à ma préférence pour la synthèse plutôt que pour l’analyse).
Mais, à deux reprises depuis un an, on m’a offert deux publications du genre : « Et toujours les forêts » de Sandrine Collette (notez les deux l du patronyme) chez J.-C. Lattès en 2020 et « Panorama » de Lilia Hassaine chez Gallimard en 2023 (mais que j’ai lu en Folio). Chose un peu étonnante ces deux ouvrages ont été couronnés, le premier par le Grand prix RTL-Lire et le second par le Renaudot des lycéens (il ne manque que le Grand prix décernés par les auteurs contemporains eux-mêmes, façon Victoires de la musique ou Césars du cinéma, et le compte sera bon...).
Commençons par « Panorama », c’est le plus facile (252 pages en Folio)... Il s’agit d’une enquête policière, en 2050, sur la disparition d’une famille, avec des références récurrentes à notre époque. Que s’est-il passé initialement en 2029 ? Un crime odieux, mais « compréhensible », déchaîne une « semaine de la vengeance » qui n’est enrayée que par le mouvement « Transparence citoyenne ». Qu’est-ce à dire ? Eh bien, la société décide de devenir « transparente », au point que toutes les habitations sont vitrées et que l’on peut voir vivre ses voisins chez eux... L’objectif est, en éradiquant tout mystère, toute cachotterie, d’éliminer la violence et les actes délictueux. Toutes les habitations ? Pas tout à fait, puisque des quartiers ont le droit de ne pas adhérer à cette révolution moyennant de renoncer à la protection de la société et de devenir des zones de non-droit. Évitant le manichéisme, le procédé romanesque est habile, et le livre est bien construit, logique...
Jérôme Garcin parle dans le Nouvel Obs de « thriller d’anticipation avec, en prime, délicatesse et humanité »... Comme chantait Guy Béart, « j’ai vu les Dames, j’ai pas vu Dieu » ! En d’autres termes, je n’ai vu ni délicatesse ni humanité... D’ailleurs ce n’est pas le sujet : l’ouvrage ne se veut pas littéraire ; ni descriptions ni lyrisme, style journalistique clair et sans fioriture, intrigue au niveau des téléfilms policiers régionaux de France 3. Je ne vois guère qu’un mérite au petit livre de Mme Hassaine : c’est une réflexion intéressante sur la notion de transparence. De ce fait le dernier chapitre « 17 novembre 2050 » est le meilleur de tous : « On a beau noircir des pages et des pages, des cahiers et des livres, on reste devant une impasse : nous ne sommes pas transparents à nous-mêmes » !
Au total il se lit vite et ne fera pas oublier « 1984 » ni sans doute « 2084 », que je n’ai pas (encore) lu mais dont je donne ci-après le résumé paru dans Babélio :
« 2084 : La fin du monde est un roman dystopique de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, publié en 2015, qui dépeint un empire théocratique totalitaire, l'Abistan, fondé sur l'amnésie, la soumission à un dieu unique, la suppression de la pensée autonome et un système de surveillance omniprésent. Le roman critique le radicalisme religieux et l'islamisme intégriste, et a été récompensé par le Grand Prix du roman de l'Académie française en 2015. Le roman est une réplique à 1984 de George Orwell, transposant le totalitarisme politique vers un totalitarisme religieux. Boualem Sansal dénonce les dérives de l'intégrisme religieux et l'emprise de l'idéologie sur la pensée individuelle ».
15:29 Publié dans Écrivains, Hassaine L., Littérature, Livre, Roman | Lien permanent | Commentaires (0)